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La Huitième de Mallol et Tejedo

Quand, à seize heures de ce 21 avril 2018, Mallol et Tejedo franchirent les premiers la ligne d'arrivée des 24 Heures du Mans, personne n'en fut trop étonné. Voilà huit ans qu'ils gagnaient consécutivement, malgré leur âge, cette grande classique française d'endurance. Et ce sur une machine dont la conception remontait bien avant le début du siècle : une 900 Ducati SS.
Ainsi donc, encore une fois, la régularité avait payé. La vieille 900 SS totalement dépassée technologiquement (pensez donc : un bicylindre en V à explosion!) venait de terrasser les Yamaguchi atomiques, les Okudufu à propulsion solaire et les Banzaï à neutrons.
On se demandait bien ce que ce satané moulin avait dans le ventre pour tenir la dragée haute aux dernières nouveautés orientales dont la technologie dépassait l'entendement et la raison. Maintenant, on en était sûr : en son temps, l'ingénieur Taglioni avait commis là un miracle que personne, absolument personne, n'avait réussi à imiter en un demi-siècle.
Seule machine fonctionnant encore à l'essence, la vieille Ducati avait dû s'imposer face à l'hyper-modernisme de ses fragiles concurrentes. Qui pourrait la détrôner ?
En envahissant la piste, les souvenirs nous remontaient à la tête. Lors de la première édition des 24 Heures, il y avait de cela exactement 40 ans, Grau et Canellas avaient déjà emmené cette machine à la victoire en catégorie Silhouette. Aujourd'hui, la même exactement franchissait en vainqueur la ligne d'arrivée. Nous n'avions plus vingt ans, mes camarades et moi, mais la même joie s'emparait de nous.

Cette victoire des vieux Mallol et Tejedo, c'était le pied de nez à l'escalade du progrès, à l'ascension technologique entamée autrefois, sans scrupules, par les orientaux. C'était la vengeance de nos souvenirs.
Des souvenirs, nous en avions plein la tête quand nous enfourchâmes nos bécanes, nos vieilles Ducates qu'on gardait précieusement comme des perles rares. Nous étions entrain de kicker quand le sifflement strident d'une Yakatirédsu à réaction, stationnée à côté, nous perça les tympans.
Nous fîmes de plein d'essence, devenue gratuite, à la sortie du Mans, car c'était la seule station à 150 km à la ronde. Peu après, une Tsuki à convertisseur de néon, toute dernière trouvaille technologique des orientaux, nous doubla en trombe. Son pilote avait la mine terne et l'œil blasé.
À la vitesse du son, il disparut sur l'autobahn suspendu à huit voies. Quant à nous, nous bifurquames sur la départementale désaffectée.
Au premier viroles, on éclata de rire.

Alain Saunier, Ducati Club de France / "L'Echo des Conti" #001, janvier/février 1981 - page 4

 

"l'Echo des Conti" - Bulletin de liaison des Adhérents du Ducati Club de France.
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